Le premier parcours des soirées de l’éducation s’est achevé au mois de juin sur le thème de l’autorité. Nous avons eu la joie d’écouter la conférence de monsieur l’abbé Philippe de Maistre, ancien aumônier de Stanislas, pour réfléchir à la place de l’autorité dans la relation éducative. Les parents ont pu ensuite échanger en groupe sur cet enseignement et partager leurs expériences personnelles d’autorité.
Les parents ont reçu de Dieu l’autorité sur leurs enfants
Il faut conforter les parents dans leur autorité parentale car notre époque tente de les délégitimer dans leur engagement éducatif. Nous tenons de Dieu l’autorité sur nos enfants. Notre responsabilité éducative est de mener nos enfants à la sainteté, nous avons la charge de leurs âmes que le Seigneur nous a confiées. Les parents sont les seuls responsables de l’éducation de leurs enfants mais ne sont pas seuls pour la mettre en oeuvre.
Il n’y a pas d’autorité réelle sans don de soi. Par son autorité saint Maximilien Kolbe a permis à ceux qu’il accompagnait de mourir dignement, et à l’homme qu’il a sauvé, de vivre et de se donner à sa femme et ses enfants.
Dans notre vie chrétienne l’autorité est liée à la transmission et au mystère de la paternité. Le saint curé d’Ars est une belle figure de paternité lorsqu’il dit à Antoine Givre « tu m’as montré le chemin d’Ars, je te montrerai le chemin du ciel ». La paternité du prêtre ici est de montrer le chemin de la vie éternelle, notre paternité terrestre consiste à montrer le chemin de la vie à nos enfants. Il y a une complémentarité de la vocation du prêtre avec celle du père de famille.
Approche théologique de l’autorité
Dans la Genèse, Adam est façonné par Dieu à partir de glaise et Son souffle de vie le met debout. Le commandement de Dieu pour l’homme est de croître et d’être fécond. Notre enfant a été envoyé sur terre pour croître et être fécond. La terre doit être gardée et cultivée pour donner du fruit, nous devons de la même façon nourrir notre enfant pour qu’il croisse, et le nourrir de tous les arbres de Vie (pas celui de la connaissance du bien et du mal).
Comme Adam, nos enfants et l’homme en général, sont des êtres « informes ». Ils ont besoin d’être formés par l’exercice des vertus cardinales.
- la prudence: faire les bons choix
- la justice : à chaque chose sa juste place
- la force: s’orienter vers le bien
- la tempérance: le plaisir doit suivre un bien authentique
Pour exercer notre autorité parentale, prenons l’exemple de la poterie: il faut la travailler avant qu’elle ne soit sèche (l’âge adulte). L’adolescent est modelable, une poterie mal dégrossie que nous devons modeler. Il n’est pas encore capable d’être acteur de son chemin.
Le lien entre l’autorité et la paternité apparaît dans le passage de la Transfiguration. Au mont Thabor la voix du père nous dit » Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis toute ma force ». En redescendant de la montagne, Jésus exorcise un enfant en interpellant le père de ce dernier. Jésus lui demande s’il croit. Il doit croire en Dieu et en l’autorité qu’il a sur son enfant. Jésus rétablit le père dans son autorité avant de délivrer l’enfant de ses démons.
Avoir l’autorité, c’est être le gardien de la loi. Mais l’âme de l’autorité c’est la transmission. Dans la Bible cette transmission c’est la bénédiction. Lorsque nous fêtons l’anniversaire de notre enfant, nous bénissons sa naissance. A chaque étape de la Genèse, Dieu vit que cela était bon. Il dit, Il nomme, Il bénit. Bénir c’est le sommet de l’acte de transmission. Chacun de nos enfants a le droit d’être béni quelque soit son tempérament. Les parents doivent prendre le leadership dans la prière familiale avec leur charisme propre, en utilisant l’autorité qui leur est confiée, en particulier pour bénir conrètement leurs enfants, rôle que le père doit assumer pleinement. Le père doit aussi prendre toute sa part dans le domaine spirituel pour transmettre la foi à ses enfants, au côté de son épouse.
Approche philosophique de l’autorité
Nous pouvons aborder le thème de l’autorité parentale avec la classification des différentes causalités d’Aristote.
- La cause finale de l’autorité est ce pour quoi on agit, quel but poursuivons-nous? l’éducation est l’art suprême de l’autorité. Il est plus difficile d’éduquer que de réaliser la Pietà de Michel-Ange. La matière sur laquelle porte notre autorité et notre acte éducatif n’est pas inerte: c’est l’âme de nos enfants . Le but de notre autorité est la sainteté de nos enfants.
- La cause formelle de l’autorité: c’est-à-dire de quoi est faite notre autorité. L’éducation touche avant tout l’intelligence et l’imagination de notre enfant. Ce dernier a besoin du rêve et du jeu pour se construire. Les écrans captent l’imaginaire de l’enfant en imposant des images alors que la lecture le déploie. Le jeu est sérieux pour l’enfant. Baden Powell a compris que c’est par le jeu que l’enfant devient capable de prendre des responsabilités. Jeu et imagination sont l’espace de l’enfant pour se déployer lui-même (les écrans le privent des deux).
- La cause motrice de l’autorité sur nos enfants: c’est celui qui est responsable de l’éducation, nous les parents. Il y a 3 cercles moteurs de l’éducation: la famille, l’école, la rue. La famille est le noyau puis nous choisissons l’école de nos enfants selon notre projet éducatif . Il faut une alliance entre la famille et l’école et pas de contradictions entre ces deux cercles. Le troisième cercle d’influence pour nos enfants c’est « la rue », où l’enfant peut se faire des amis, être confronté à l’autre et prendre son élan. L’enfant aura besoin de s’appuyer sur d’autres qui ne sont pas les parents. La loi du groupe est forte à l’adolescence et il voudra s’identifier à d’autres: les parents doivent être attentifs à choisir ce troisième cercle pour leur enfant (scoutisme).